26 octobre 2018

St-Véran - Transit de l'exoplanète HAT-P-37b

Du 07 au 14 Octobre dernier, j'ai eu la chance de passer un super séjour à l'observatoire de Saint-Véran, dans les Alpes. Situé à plus de 2900m d'altitude, c'est un lieu qui rassemble tout ce qu'un astronome peut attendre en terme de matériel et de qualité de ciel. Ce séjour mériterait d'ailleurs un article à part, tellement il y a de choses à raconter.
Merci au passage à l'association Astroqueyras pour avoir fait en sorte que cette mission se déroule aussi bien.

Observatoire vu depuis le sommet du Pic de Château Renard 

Parmi les missions que je m'étais fixées pour ce séjour, il y avait l'observation de transits exoplanétaires. Nous étions 2 volontaires dans le groupe pour faire de telles manips : Stéphane Ferrafiat et moi-même. Nous avions à notre disposition la coupole externe de l'observatoire (que l'on voit sur l'image ci-dessus), avec à l'intérieur un télescope de 500mm de diamètre et une caméra SBIG ST16803 (visibles ci-dessous).

T500 de la coupole "Genève"
Nous avions prévu un programme pour toute la semaine. Mais bien entendu, la météo serait le facteur limitant de notre activité.
Dès le Lundi 08 Octobre, le beau temps était de la partie et nous avons jeté notre dévolu sur l'exoplanète HAT-P-37b, une planète géante gazeuse un peu plus grande que notre Jupiter.

La SBIG ST16803 nous offre un très grand champ, c'est très agréable. Sur des poses de 90s, notre étoile cible offre suffisamment de signal pour que l'on puisse voir passer son exoplanète.

Champ de l'étoile HAT-P-37 (entre les lignes rouges) vu par la caméra du T500

Nous sommes donc partis pour plusieurs heures de prises de vue, en commençant 30 minutes avant le début présumé du transit, et en finissant environ 30 minutes après la fin du transit.
Chaudement vêtus, notre soirée ressemblait un peu à ceci :

Stéphane pilote le télescope et la caméra avec PRISM
Grâce au logiciel Muniwin, nous avions la possibilité de vérifier au fur et à mesure de la soirée l'avancée du transit. Ci-dessous, nous en étions au milieu de la phase de transit.


Jusqu'au bout, nous avons vérifié la qualité des images entrantes, et le résultat (hors traitements darks/flats/offsets) obtenu dans Muniwin. Jusqu'à arriver à une courbe de transit satisfaisante. Ci-dessous on observe la remontée du flux. Encore une bonne demi-heure pour retrouver le flux "hors éclipse" et ce sera bon.


L'altitude et la fatigue de la veille aidant, nous n'avons pas poursuivi les observations au delà de 2h du matin. Le dépouillement des images, les prétraitements et analyses ont eu lieu le lendemain.

Au final, nous avons obtenu une courbe de transit tout à fait correcte, avec 2.4 milli-magnitudes d'erreur type, ce qui est satisfaisant pour un transit de 27 milli-magnitudes de profondeur.

Nos données ont été postées sur l'Exoplanet Transit Database. Nous y avons associé nos camarades venus nous soutenir ce soir-là.

L'exoplanète est une chose. Mais l'analyse des images n'est pas terminée pour autant. Il est possible de les faire "causer" un peu plus. Alors comme à chaque fois que je fais une série de données, je vérifie s'il ne traînerait pas un astéroïde (si possible inconnu), une comète (si possible inconnue) ou une étoile variable.
Muniwin est un outil très performant pour cette dernière tache. Alors il y avait bien une étoile variable connue juste à côté de l'exoplanète. Mais ... tiens ...



Oh ... une étoile étrange dans notre champ

Une petite étoile de magnitude 15 (~ 2 fois moins brillante que Pluton) attire notre attention...
La suite fera l'objet d'un post à part. Derrière ce petit point se cache toute une aventure  :-)