4 septembre 2014

Maximum photométrique de RR Lyrae

Ce mercredi soir, face à cet événement assez nouveau pour moi, à savoir un ciel dégagé pour toute la nuit et une nuit qui commence vraiment vers 22h00, je me suis tourné vers l'étoile pulsante RR Lyrae.
Le suivi de cette étoile, que j'ai entamé en partenariat avec plein d'autres amateurs et quelques pros l'année dernière, pouvait recommencer.
Recommencer oui, car pour cette année, j'en étais à rien du tout. La flemme en Mai et Juin de commencer des poses à 0h30 pour attraper, peut-être, un maximum à 3h du mat'. La flemme en Juillet parce que commencer les poses à 0h00, c'est pas beaucoup mieux. Et il faut être présent en cours de nuit pour la manoeuvre de retournement de monture dès que RR Lyrae passe "de l'autre côté".
La poisse en Août parce que les belles nuits étaient plus que rares et que quand elles se présentaient, il n'y avait pas de maximum de RR Lyrae à observer...
Bref, nous v'là en Septembre, et c'est enfin le grand soir !

Mais la partie n'était pas jouée d'avance. Deux éphémérides s'offraient à moi.
Celui du GRRR qui annonçait un maximum à 22h23 locale et celui du GEOS qui annonçait un maximum à 22h27. A la base, ça peut paraître intéressant d'avoir un tel accord sur la date. Et ça l'est.
Mais (oh le vilain râleur), ça me laissait surtout très peu de temps pour me préparer.
Idéalement, il faut pouvoir mesurer une bonne partie de la montée en magnitude de RR Lyrae pour mieux apprécier le maximum puis la descente. Et comme le maximum est un peu "plat", il faut de nombreuses mesures de part et d'autre de celui-ci.
Donc il faut absolument que je sois en train de faire des mesures dès 22h00 !
Sans GoTo, trouver RR Lyrae dans le chercheur à 21h30, c'est un poil coton. Il ne fait pas vraiment noir, mais avec l'habitude ça se passe vite.
Puis vient le choix du temps de pose. Dilemme habituel entre l'échantillonnage de mesures qu'on veut avoir et l'obligation d'éviter la saturation. Ca m'a pris 20 bonnes minutes...
Le gros avantage ici était que RR Lyrae approchait du zénith. Par conséquent la masse d'air était presque minimale et je n'avais pas à me soucier de ça pour le reste de la nuit. Elle allait encore baisser, mais peu.
Quand la masse d'air baisse, le flux de l'étoile pointée augmente (moins d'atmosphère traversée), et pour un temps de pose fixe, une étoile qui n'était pas saturée en début d'acquisition peut le devenir par la suite, et donc foutre en l'air une nuit de données. Toujours faire attention à ça en photométrie !

Champ de RR Lyrae, avec les étoiles de comparaison pour la photométrie
Celestron omni XLT 150/750 + Canon EOS 1000D - 191 poses de 30s


Un p'tit coup de Muniwin en cours de nuit m'a rassuré sur la prise ou non du maximum photométrique. Il était dans la poche. Même si le bougre avait quelques minutes d'avance sur les éphémérides.

Maximum photométrique du 03 Septembre 2014, vers 22h15 (locale)
Muniwin me sort ici la courbe d'écart de magnitude entre RR Lyrae et une étoile de comparaison réputée stable. Cette valeur est négative, mais de moins en moins au cours du temps, ce qui signifie qu'au départ RR Lyrae est plus brillante que l'étoile de référence mais qu'au fil du temps, les 2 tendent à avoir un éclat comparable. Par la suite, l'étoile de comparaison deviendra la plus brillante des deux, mais cette phase-là, je ne l'ai pas mesurée. Seul le maximum m'intéressait ici.

Muniwin, c'est une chose. Mais pour avoir une courbe de lumière avec mesure de la magnitude de RR Lyrae, j'ai aussi la possibilité d'utiliser IRIS, et de mesurer le flux de RR Lyrae + 2 étoiles de comparaison. Par la méthode de la super-étoile, je peux retrouver assez précisément la magnitude de RR Lyrae.

La courbe de flux ci-dessous montre la quantité de flux reçue pour RR Lyrae (en bleu) et les 2 étoiles de références. C'est de la donnée brute issue des images après le pré-traitement, on n'en est pas encore aux calculs de magnitudes. Ce genre de courbe permet de détecter des passages nuageux fins qu'on ne verrait pas forcément en regardant le ciel (ici le petit décrochage des courbes entre les dates 904.34 et 904.35).
On voit également l'influence de la masse d'air. Pour les étoiles de référence (stables), la quantité de flux augmente légèrement au fil du temps. C'est parce que mon champ visé se rapproche du zénith. La quantité d'atmosphère traversée diminue et la luminosité des étoiles augmente un poil. Ceci toujours à temps de pose constant.
RR Lyrae a une variation propre plus importante que l'effet de la masse d'air, et l'étude de sa courbe n'indique pas grand chose ici, si ce n'est qu'elle a également subi les désagréments des passages nuageux.



Après calcul de la super-étoile correspondant à Comp1 et Comp2, la magnitude de RR Lyrae est calculée et donne la courbe ci-dessous en fonction du temps.


Encore une fois, pas de problème pour mesurer la date du maximum photométrique de la courbe bleue.
Donc voilà... 2 courbes du même phénomène mesurées de 2 façons différentes. Mais les résultats sont-ils vraiment les mêmes ?
Je ne sais pas pourquoi je ne l'avais pas encore fait depuis tout ce temps, mais j'ai réalisé une petite animation qui superpose les deux courbes obtenues.
Ouf ! Ca colle :-)





Mon résultat est déjà publié sur la base de données du GEOS. Il colle bien avec une autre mesure faite au même moment par le pro qui gère ce projet. Je n'ai donc pas perdu la main :-)

2 commentaires:

  1. Bonsoir, Pourqoui en obtenant la courbe de la magnitude en fonction du temps pour rrlyr négatve. est il poussible de resoudre le problème pour que la courbe varie entre 7 et 8 mag ?
    merci de me répondre

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  2. Bonjour,
    La courbe en noir représente l'écart de magnitude entre RR Lyrae et une étoile de référence en fonction du temps. Cette étoile est généralement une étoile de magnitude stable et connue, donc mag(reference) est une valeur constante. J'y trace donc "mag(RRLyrae)-mag(reference)" en fonction du temps.
    Si on souhaite afficher la magnitude visuelle (donc celle qu'on perçoit vraiment au télescope), alors on rajoute mag(reference) à cette équation et on obtient mag(RRLyrae) seule, ce qui donne ici une valeur entre mag7 et mag8.

    On a le choix de présenter ses résultats sous les deux formes (différence par rapport à une étoile ou magnitude visuelle). Une graphe avec la magnitude visuelle seule (courbe bleue) est souvent plus parlant car il indique tout de suite si l'étoile est faible ou brillante en regardant l'axe des ordonnées. Sur l'autre graphe (courbe noire), on n'en sait rien si on ne connaît pas la magnitude de l'étoile de référence.

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