LE livre par lequel tout a commencé |
J'ai commencé à suivre la valse des étoiles et des planètes, et à lire (beaucoup). Un club d'astronomie a vu le jour dans ma cave (L'astroClub) et nous étions en moyenne ... deux. Mes parents m'ont offert une petite lunette, avec verres en plexi, d'environ 50mm de diamètre d'après mes souvenirs. On ne voyait pas grand' chose à travers l'oculaire de mauvaise qualité. Et en plus, j'observais derrière une vitre (ah la jeunesse !)
Je dessinais mes propres cartes du ciel, faisait des listes d'objets stellaires que je butinais dans divers bouquins. Internet n'existait pas dans sa forme actuelle. Seuls les livres à l'époque permettaient de trouver de l'information.
Je quittais mon lit la nuit, discrètement pour ne réveiller personne, juste pour aller admirer le spectacle du ciel.
Les premières sorties astro viendront après le baccalauréat, avec le club de mon école d'ingénieurs, ressuscité par une bande de copains. Une éclipse de Lune par ci, une éclipse de Soleil par là, la liste des sorties s'allongeait. Une lunette Perl Vixen de 90mm appartenant au club faisait des merveilles sur les planètes, malgré la pollution lumineuse du ciel lillois.
Dès 1998, je rejoins le club d'astronomie dans lequel je suis toujours aujourd'hui. Pas que des étudiants ici, mais des personnes de tous âges, tous horizons. Ce club a migré à Mont-Bernenchon (62) au début des années 2000 et y est toujours.
Via le club ou en privé, j'anime de petites soirées sous les étoiles, à l'oeil nu ou au télescope. Enfants, parents ou grands parents, tout le monde s'émerveille dès que les yeux se lèvent vers la voûte céleste. Les questions fusent, surtout chez les enfants, intarissables rêveurs qu'ils sont.
Cette soif de comprendre le monde dans lequel nous vivons est très présente chez les gens qui viennent à notre rencontre, et les clubs d'astronomie amateur sont un excellent relais pour l'épancher.
En parallèle de cette activité tournée vers le public, je participe à de nombreux projets de collaboration entre astronomes amateurs et professionnels. Etude d'étoiles variables, d'astéroïdes ou bien encore participation à des projets de science citoyenne.
J'ai toujours voulu faire de la Science. Aussi loin que je me souvienne, assister aux découvertes des chercheurs dans les magazines me donnait à chaque fois envie, moi aussi, de trouver des choses là-haut. Mais, allez savoir pourquoi, je pensais cela réservé aux professionnels munis de gros matériels, et je ne m'étais jamais demandé comment moi aussi, je pourrais faire cela.
Le déclic est venu en Juillet 2010. Avec une bande de copains, je suis allé du côté de Reims pour observer la disparition de l'étoile Yed Prior, celle-ci étant cachée pour quelques secondes par l'astéroïde (472) Roma passant devant. J'ai préparé une petite manip scientifique que j'ai déroulée du mieux que j'ai pu, et elle a pu servir à mesurer la taille de cet astéroïde.
Courbe de lumière de l'occultation de Yed Prior par (472) Roma |
Je suis resté bouche bée un long moment quand j'ai réalisé ce que j'avais fait avec 3x fois rien comme matériel. Et je me suis alors intéressé à tous ces autres astronomes amateurs, que je découvrais, qui utilisaient leur temps libre pour faire avancer la Science.
Et leurs techniques m'ont épaté. Moi aussi un jour, je ferai ça ! (cf l'histoire complète racontée ici)
Dès 2011, je me mets à la photométrie grâce à une personne passée par notre club astro qui en faisait. Faire un planning d'observation, suivre un protocole, dépouiller des données, les analyser ... et tout ça avec mon petit matériel (monture équatoriale + APN). J'ai pris un pied immense en découvrant tous les programmes de collaboration amateurs/professionnels en astronomie. Je voulais toucher à tout, découvrir des astéroïdes, des planètes, des comètes, comprendre le fonctionnement interne des étoiles, ... les livres n'expliquaient pas tout ça. Je ne lisais plus l'histoire des Sciences faite par les autres, je participais à sa construction.
M'étant inscrit à l'AAVSO, je postais rapidement mes premières mesures sur l'étoile Epsilon Aurigae. Une étoile qui est éclipsée par quelque chose tous les 27 ans et pendant 2 ans, et le mystère se devait d'être résolu. Chic !
En 2011, je découvre aussi les courbes de lumière d'astéroïdes et trouve extra d'aider à déterminer la forme d'astéroïdes ainsi. Les plus puissants télescopes du monde n'y arrivent pas en imagerie directe, mais nos petits instruments suffisent avec une méthode indirecte de reconstruction 3D via les courbes de lumière.
Mes premiers contacts avec le professionnel référent sont juste extraordinaires. Disponible, à l'écoute, encourageant, je découvre que les pros ne prennent pas du tout les amateurs de haut.
Je me retrouve même sur un mini projet amateur de tentative de caractérisation de l'astéroïde (1036)Ganymed. Du vrai travail de pros, mais en amateur. Je participe peu, mais je kiffe !
Pour la première fois en 2012, je répond à une demande d'aide pour participer au suivi photométrique d'une étoile (FF Cam). Je suis alors au plus près d'un programme de recherche qu'on puisse l'être, avec le pro qui répond à mes messages, et qui accepte mes mesures.
Je commence aussi à répondre à des alertes de l'AAVSO, prenant de plus en plus confiance dans la qualité et l'utilité de ce que je fais.
Et puis vint la frustation "printemps/été" de 2012. Des projets plein la tête de suivis photométriques, et pas de soirées dégagées pour observer le ciel. 7-8 nuits correctes sur plusieurs mois, ça me frustrait énormément. Comment envisager de faire de l'astronomie sous un ciel sans cesse couvert ? Je loupais plein de choses !
L'idée me vint en Octobre 2012 de louer du temps de télescope dans d'autres pays. Je me suis tourné vers le site www.slooh.com et ai pu prendre mes premières images du ciel alors qu'il faisait moche chez moi. Une révolution !
Depuis le 27 Octobre 2012, suite à la découverte sur l'une de mes images de Slooh d'une nouvelle étoile dans la galaxie NGC 1365, je me suis intéressé de plus près aux supernovae. Je me suis embarqué dans la recherche de supernovae dans les images des télescopes TAROT et Zadko, avec quelques succès. Je suis devenu l'astronome amateur référent pour toute question relative à ce projet. J'ai également mon propre programme de recherche de supernovae et novae avec les télescopes de Slooh.
Depuis l'été 2014, j'aide aussi l'équipe d'ASASSN dans la confirmation de ses découvertes de supernovae. Première fois qu'une équipe professionnelle me sollicitait directement parce qu'ils avaient repéré que j'oeuvrais dans un domaine qui les intéressait.
Je participe enfin à la diffusion de la culture scientifique, et plus particulièrement de l'astronomie, grâce à l'association ASTRO4U en animant des ateliers tous publics lors de week-end de formations, mais aussi avec mon club d'astronomie lors des Nuits des étoiles, ou autres manifestations de ce genre.
Et puis bien sûr ce blog, qui fait défiler ma vie d'astronome amateur. Je l'utilise principalement pour montrer que faire de la Science, ça peut être amusant et super grisant. On peut vraiment s'éclater et ce n'est surtout pas réservé à des personnes savantes. Tout le monde peut participer.
Je suis régulièrement sollicité pour apporter un coup de main à des personnes qui veulent se lancer dans la collaboration amateurs/pros en astronomie et j'essaye au mieux de les aider. Je milite partout où je vais pour qu'il y ait plus de monde qui fasse cela.
Découvrir des supernovae, des novae extragalactiques ou des étoiles variables, participer à la découverte d'une exoplanète ou en regarder passer d'autres, suivre les battements d'une étoile ou l'éclipse d'une autre, dessiner le contour des astéroïdes, se retrouver co-auteur de publications dans Science, the Astrophysical Journal, Astronomy & Astrophysics... ou dans des newsletters de la NASA, observer des transneptuniens et participer à la découverte de certains, tout cela me paraissait inaccessible en 2010. Et pourtant...
L'astronomie est une discipline scientifique qui fait la part belle aux millions d'amateurs à travers le monde. Malgré les satellites et les télescopes robotisés, il n'y a pas encore assez d'yeux pour contempler toutes les merveilles de la voûte céleste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire