28 octobre 2014

Un ptit pas pour l'homme..


C'était il y a pile 2 ans, le 28 Octobre 2012 à 07h41.
Je me décidais à envoyer un email à Alain Klotz (que je ne connaissais pas) pour lui confirmer que j'avais moi aussi vu quelque chose de neuf dans NGC 1365. Un Dimanche matin, même pas peur ! :-)


Mon petit pas

2 ans plus tard, quelle aventure !
Les RCE 2012, les supernovae avec TAROT, Zadko, ma première découverte de SN, mes premiers followups de supernovae, la newsletter de la NASA, Astronomie Magazine, Ciel & Espace, l'appel à collaboration de ASASSN, ... Où s'arrêtera cette histoire, je ne le sais pas mais j'ai déjà envie d'être en 2015, juste pour voir :-)

Ce petit pas d'il y a 2 ans, il ne coûtait finalement pas grand chose. Contacter un inconnu, professionnel de l'astronomie, de surcroît le Dimanche matin, pour lui dire que j'avais une image toute pourrie à lui soumettre, ça me paraissait compliqué. De mémoire, j'ai dû commencer cet email vers 06h30 du matin, et tergiversé pendant une heure. Quel risque je prenais là !!

Le risque à faire un premier petit pas, c'est justement le sujet du dernier talk des TEDxParis 2014, en vidéo ci-dessous. C'était au début Octobre au théâtre du Chatelet.



Se lancer dans la science participative, comme le présente Ciel & Espace dans son dernier numéro, ce n'est rien de moins que ça : faire un premier pas. Ne pas se soucier des risques... Quels risques après tout ? Ne pas se faire des films, juste se laisser guider. Si c'est vraiment ce qu'on veut faire, alors ça va bien se passer. Ce premier en amènera un second, un troisième et l'aventure commencera.

9 octobre 2014

ASAS-SN en tête


L'équipe d'ASAS-SN vient de publier un p'tit article résumant quelques mois de recherches de supernovae. Il se trouve ici : http://www.astronomy.ohio-state.edu/~assassin/APOW/ (in english)

Et il faut bien avouer qu'en termes de recherche de supernovae brillantes, ce projet est bien leader cette année, avec près de la moitié des découvertes à son actif.
A noter en deuxième position les astronomes amateurs avec 29 découvertes entre le 1er Mai et le 04 Octobre. SN2014bz en fait partie :-)
Les autres découvreurs, tous professionnels, trouvent surtout des supernovae moins brillantes.

Répartition des découvertes de supernovae "brillantes" entre les différents découvreurs

A la fin de l'article, un focus est fait sur les astronomes amateurs qui donnent un coup de main pour la confirmation des candidates, avec bibi en bonne place :-)
Je m'amuse bien sur cette collaboration, et j'apprends pas mal de chose.
Parmi mes dernières confirmations, il y a l'ATel 6521 ou encore l'ATel 6539. Il y en aura sûrement d'autres bientôt !


30 septembre 2014

Science participative sur Ciel & Espace


Le numéro Hors Série d'Octobre de Ciel & Espace met en avant la collaboration entre amateurs et professionnels en astronomie, et notamment le projet Tarot Supernovae auquel je participe.

Le sommaire est disponible sur le site de l'Association Française d'Astronomie. On y découvre la liste des terrains sur lesquels les astronomes amateurs peuvent d'aventurer, avec pour chaque pratique :
  • Le matériel nécessaire (bien souvent il ne faut pas grand chose)
  • L'enjeu scientifique
  • La méthode
  • Les résultats
  • Un contact pro et un contact amateur pour se lancer dans l'aventure

Parmi les sujets abordés, ceux auxquels j'ai déjà participé sont :
  • Zooniverse, l’univers en expansion des sciences participatives
  • Trouver des supernovae sans sortir de chez soi
  • Tracez le contour des astéroïdes
  • Guettez les étoiles variables
  • Dessinez les astéroïdes en 3D
  • Détecter des transits d’exoplanètes
Je connais plutôt bien les autres, mais il me faudrait une seconde vie pour les essayer tous :-)


La recherche de supernovae avec TAROT est mise à l'honneur sur quelques pages. Avec ma trombine en bonne place. Espérons que cela fasse naître quelques vocations :-)

A la fin, il y est question d'une application smartphone pour la recherche de supernovae. Toujours utile quand on s'ennuie dans le train ou en voiture (pas pour le chauffeur, hein !). Les développements sont en cours de finalisation et l'application devrait être présentée par Alain Klotz aux RCE, le Dimanche en début d'après-midi.


4 septembre 2014

Maximum photométrique de RR Lyrae

Ce mercredi soir, face à cet événement assez nouveau pour moi, à savoir un ciel dégagé pour toute la nuit et une nuit qui commence vraiment vers 22h00, je me suis tourné vers l'étoile pulsante RR Lyrae.
Le suivi de cette étoile, que j'ai entamé en partenariat avec plein d'autres amateurs et quelques pros l'année dernière, pouvait recommencer.
Recommencer oui, car pour cette année, j'en étais à rien du tout. La flemme en Mai et Juin de commencer des poses à 0h30 pour attraper, peut-être, un maximum à 3h du mat'. La flemme en Juillet parce que commencer les poses à 0h00, c'est pas beaucoup mieux. Et il faut être présent en cours de nuit pour la manoeuvre de retournement de monture dès que RR Lyrae passe "de l'autre côté".
La poisse en Août parce que les belles nuits étaient plus que rares et que quand elles se présentaient, il n'y avait pas de maximum de RR Lyrae à observer...
Bref, nous v'là en Septembre, et c'est enfin le grand soir !

Mais la partie n'était pas jouée d'avance. Deux éphémérides s'offraient à moi.
Celui du GRRR qui annonçait un maximum à 22h23 locale et celui du GEOS qui annonçait un maximum à 22h27. A la base, ça peut paraître intéressant d'avoir un tel accord sur la date. Et ça l'est.
Mais (oh le vilain râleur), ça me laissait surtout très peu de temps pour me préparer.
Idéalement, il faut pouvoir mesurer une bonne partie de la montée en magnitude de RR Lyrae pour mieux apprécier le maximum puis la descente. Et comme le maximum est un peu "plat", il faut de nombreuses mesures de part et d'autre de celui-ci.
Donc il faut absolument que je sois en train de faire des mesures dès 22h00 !
Sans GoTo, trouver RR Lyrae dans le chercheur à 21h30, c'est un poil coton. Il ne fait pas vraiment noir, mais avec l'habitude ça se passe vite.
Puis vient le choix du temps de pose. Dilemme habituel entre l'échantillonnage de mesures qu'on veut avoir et l'obligation d'éviter la saturation. Ca m'a pris 20 bonnes minutes...
Le gros avantage ici était que RR Lyrae approchait du zénith. Par conséquent la masse d'air était presque minimale et je n'avais pas à me soucier de ça pour le reste de la nuit. Elle allait encore baisser, mais peu.
Quand la masse d'air baisse, le flux de l'étoile pointée augmente (moins d'atmosphère traversée), et pour un temps de pose fixe, une étoile qui n'était pas saturée en début d'acquisition peut le devenir par la suite, et donc foutre en l'air une nuit de données. Toujours faire attention à ça en photométrie !

Champ de RR Lyrae, avec les étoiles de comparaison pour la photométrie
Celestron omni XLT 150/750 + Canon EOS 1000D - 191 poses de 30s


Un p'tit coup de Muniwin en cours de nuit m'a rassuré sur la prise ou non du maximum photométrique. Il était dans la poche. Même si le bougre avait quelques minutes d'avance sur les éphémérides.

Maximum photométrique du 03 Septembre 2014, vers 22h15 (locale)
Muniwin me sort ici la courbe d'écart de magnitude entre RR Lyrae et une étoile de comparaison réputée stable. Cette valeur est négative, mais de moins en moins au cours du temps, ce qui signifie qu'au départ RR Lyrae est plus brillante que l'étoile de référence mais qu'au fil du temps, les 2 tendent à avoir un éclat comparable. Par la suite, l'étoile de comparaison deviendra la plus brillante des deux, mais cette phase-là, je ne l'ai pas mesurée. Seul le maximum m'intéressait ici.

Muniwin, c'est une chose. Mais pour avoir une courbe de lumière avec mesure de la magnitude de RR Lyrae, j'ai aussi la possibilité d'utiliser IRIS, et de mesurer le flux de RR Lyrae + 2 étoiles de comparaison. Par la méthode de la super-étoile, je peux retrouver assez précisément la magnitude de RR Lyrae.

La courbe de flux ci-dessous montre la quantité de flux reçue pour RR Lyrae (en bleu) et les 2 étoiles de références. C'est de la donnée brute issue des images après le pré-traitement, on n'en est pas encore aux calculs de magnitudes. Ce genre de courbe permet de détecter des passages nuageux fins qu'on ne verrait pas forcément en regardant le ciel (ici le petit décrochage des courbes entre les dates 904.34 et 904.35).
On voit également l'influence de la masse d'air. Pour les étoiles de référence (stables), la quantité de flux augmente légèrement au fil du temps. C'est parce que mon champ visé se rapproche du zénith. La quantité d'atmosphère traversée diminue et la luminosité des étoiles augmente un poil. Ceci toujours à temps de pose constant.
RR Lyrae a une variation propre plus importante que l'effet de la masse d'air, et l'étude de sa courbe n'indique pas grand chose ici, si ce n'est qu'elle a également subi les désagréments des passages nuageux.



Après calcul de la super-étoile correspondant à Comp1 et Comp2, la magnitude de RR Lyrae est calculée et donne la courbe ci-dessous en fonction du temps.


Encore une fois, pas de problème pour mesurer la date du maximum photométrique de la courbe bleue.
Donc voilà... 2 courbes du même phénomène mesurées de 2 façons différentes. Mais les résultats sont-ils vraiment les mêmes ?
Je ne sais pas pourquoi je ne l'avais pas encore fait depuis tout ce temps, mais j'ai réalisé une petite animation qui superpose les deux courbes obtenues.
Ouf ! Ca colle :-)





Mon résultat est déjà publié sur la base de données du GEOS. Il colle bien avec une autre mesure faite au même moment par le pro qui gère ce projet. Je n'ai donc pas perdu la main :-)

19 août 2014

EE Cep, début de l'éclipse


Voilà une grosse vingtaine de jours que l'éclipse de EE Cephei a débuté. Le plongeon effectué par la courbe de lumière est maintenant évident et à 4 jours de la date prévue du maximum, il ne semble pas qu'on puisse atteindre plus d'une magnitude de profondeur.
Je suis à la bourre pour la soumission de mes données à l'AAVSO. La courbe ci-dessous, faite rapidement avec Muniwin sur 150 images n'a qu'un caractère informatif. Je dois encore compiler proprement toutes mes images sur tous les filtres afin de sortir des valeurs définitives. Mais on devine déjà l'essentiel.

Courbe Muniwin de mes données, filtre bleu

18 août 2014

SN 2014bz ... finalement

Découverte le 09 Mai dernier, ma troisième supernova a mis un peu de temps avant de se retrouver en ligne sur le site de l'Union Astronomique Internationale. C'est le CBET 3931* qui clos cette histoire avec la désignation officielle en SN 2014bz de cette supernova.

Un cours extrait du texte ci-dessous, avec la mention de deux camarades sur Google+ qui ont validé la découverte avec leur propre télescope. M. Locke faisant partie également de l'équipe de recherche de supernovae dans les images TAROT avait eu la primeur de l'annonce de la découverte et j'avais contacté P. Stewart parce qu'il faisait nuit chez lui au moment de la découverte. Tous deux sont dans l'hémisphère Sud, condition importante vue la déclinaison de l'objet.


SUPERNOVA 2014bz = PSN J13560419-4335099
    E. Conseil, Institut de Recherche en Astrophysique et Planetologie,
Toulouse, on behalf of the TAROT collaboration, reports the discovery of an
apparent supernova (R magnitude 16.9 +/- 0.4) on public images (limiting mag
18.0) obtained on May 6.157 UT with the 0.25-m robotic telescope TAROT at
La Silla Observatory in Chile.  The new object is located at about R.A. =
13h56m04s.19, Decl. = -43o35'09".9 (equinox J2000.0), which is 12" east and
36" south of the nucleus of PGC 547157.  Nothing is visible at this position
in an image taken on Apr. 21.2 with the same equipment (total exposure time
360 s for each image).  The variable was designated PSN J13560419-4335099 when
it was posted at the Central Bureau's TOCP webpage and is here designated SN
2014bz based on the spectroscopic confirmation reported below.  An image taken
on May 9.548 by M. Locke and A. Cotiga at Christchurch, New Zealand is posted
at website URL https://www.flickr.com/photos/malclocke/14142464192/, and an
image taken on May 10.436 by P. Stewart at Timaru, New Zealand is posted at
URL https://www.flickr.com/photos/astrostew/14156197234/.


[...]



Par contre, ce qui me gêne un peu, c'est que Dan Green m'ait affilié à l'IRAP alors que je n'avais pas du tout mentionné cela dans l'email que je lui ai adressé.


EDIT : J'ai demandé à Dan Green de modifier mon affiliation, ce qu'il a fait dans le CBET 3932.

* Il faut être enregistré auprès de l'Union Astronomique Internationale pour consulter ce lien. D'où la copie partielle mise dans l'article.

7 août 2014

ASAS-SN : collaboration fructueuse


Voilà environ 2 semaines et demi que je me suis embarqué dans la confirmation de supernovae avec ASAS-SN et ça dépote du côté des supernovae découvertes.
Il y a de nombreux faux positifs détectés, mais malgré tout, j'ai quand même pu confirmer 5 vrais objets avant la publication de leur découverte :

Nom de la supernova    
Publication de la découverte   
Mon image
ASASSN-14ew
ASASSN-14eu
ASASSN-14es
ASASSN-14ep
ASASSN-14em

Avec d'autres astronomes amateurs venant d'Australie, du Japon, d'Afrique du Sud, des Etats-Unis, de France et du Chili, nous couvrons suffisamment de longitudes pour être super réactifs en cas de détection de SN. Et sur 2 hémisphères, ce qui ne gâche rien au plaisir :-)

31 juillet 2014

Nuit des étoiles

Ca se rapproche et la presse commence à s'y intéresser.
J'ai reçu une journaliste de l'Echo de la Lys hier matin et l'article est déjà dans les kiosques aujourd'hui.


Merci à la journaliste Camille Janik. Interview bien menée et le résultat est une belle page de promo pour la Nuit des Etoiles et le club sans fausse note.
Normalement demain, c'est la Voix du Nord qui dégaine son article...

25 juillet 2014

Nouvelle collaboration sur les supernovae


L'Astronomer Telegram n°6342 qui vient de tomber inaugure pour moi une toute nouvelle collaboration fructueuse dans le domaine de la recherche de supernovae.

Il y a de cela 2 jours, je trouve dans ma boîte mail un message du professeur Krzysztof Stanek de l'Université d'Etat de l'OHIO, me demandant si ça m'intéresserait de me joindre à son programme de recherche de supernovae : ASAS-SN.

Quand je disais (je-ne-sais-plus-où, mais sûrement un-peu-partout) que les pros venaient à la rencontre des amateurs pour leur recherche de collaborateurs... Un bel exemple encore ici !

Je connaissais très bien ce programme. Je l'ai vu grandir l'année dernière et s'imposer tout doucement comme l'un des meilleurs programmes de recherche de supernovae au monde. 15 objets trouvés l'année dernière et déjà 28 pour cette année.
Et pourtant ils n'utilisent que des télescopes de 14cm de diamètre, mais avec plusieurs engins comme ça, ils quadrillent une très grande partie du ciel sur 2 hémisphères et deviennent très efficaces pour les objets brillants ( < mag 16).

Bref, leur programme de recherche se renforce, et ils cherchent des volontaires pour les aider à détricoter leurs paquets de candidates SN, dès que les programmes de recherche automatiques ont fait leur boulot.
Pour annoncer une découverte, il faut faire vite, et ce n'est pas avec leurs images dont les pixels font 7" de côté qu'ils peuvent valider leurs candidates. Il faut donc pouvoir mobiliser des gens un peu partout sur la planète qui confirmeront les découvertes le plus vite possible avec des télescopes plus imposants.

Voilà une mission tout à fait en adéquation avec les possibilités que me donnent les télescopes de Slooh. Ni une, ni deux, j'accepte la proposition et me voilà embarqué dans l'aventure. Bien sûr, tout ceci est entouré d'une couche de confidentialité que je ne peux exposer ici, mais tout à fait classique pour ce genre de recherche.

Après quelques candidates infructueuses arrive rapidement une vraie SN, que j'ai pu imager quelques heures après sa découverte par les systèmes automatiques, et il en résulte une annonce officielle de découverte sur le site de l'Astronomer Telegram.
Voici d'ailleurs la bestiole :


Je ne serai jamais le découvreur officiel sur ce genre de collaboration. Je donne juste un coup de main pour que les choses avancent vite et que les découvertes de ASAS-SN soient rapidement révélées. C'est ma petite contribution à ce domaine de recherche.

En parallèle de tout cela, je continue la recherche de supernovae dans les images de TAROT. Ce n'est pas du tout incompatible. Mais j'ai beaucoup moins de candidates à me mettre sous la main.
Ce qu'il y a de sympa avec TAROT, c'est que je les cherche moi-même. Ce n'est pas un programme qui me mâche ce boulot.
J'approche des 2 ans d'utilisation de TAROT-SN et je m'amuse toujours autant :-)

2 juillet 2014

Nuit des étoiles 2014




C'est pile dans 1 mois, le 2 Août, à partir de 14h dans l'enceinte de la maison de la Nature (Geotopia) à Mont-Bernenchon. Venez nombreux nous y rejoindre !
Il sera possible d'observer le Soleil à travers les instruments du club astro. Ces instruments sont adaptés à l'observation solaire. Vous pourrez admirer les protubérances ainsi que les tâches à sa surface.
Le soir, deux conférences sont prévues :
- Les comètes (par Tanguy Dhoisne, président du club astro)
- La mission Rosetta (par moi-même)

Les inscriptions pour assister aux conférences et observer dans le télescope de l'observatoire de Geotopia sont à faire auprès de Geotopia.

Toutes ces animations sont gratuites !
Les inscriptions permettent juste de savoir combien de personnes viennent et à organiser les groupes qui se relayeront à l'intérieur de l'observatoire.

A bientôt à Mont-Bernenchon !

28 juin 2014

EE Cephei, ça progresse

Déjà 21 nuits passées à suivre la binaire à éclipses EE Cephei. Pas mécontent de pouvoir faire du remote depuis les Canaries car ici le temps n'est pas folichon. Mes observations sont marquées par des croix sur les courbes BVR ci-dessous.
EE Cep lightcurve, http://www.aavso.org/lcg

Rien à signaler pour l'instant, la descente en magnitude n'est pas encore au programme. Le pic de l'éclipse est attendu pour le 23 Août, mais la durée de l'éclipse a varié entre 1 et 2 mois lors des précédentes occurrences. On pourrait donc s'attendre à un frémissement de la courbe vers fin Juillet.

En attendant, de bien belles images m'arrivent des Canaries :

Credit image : E. Conseil & Slooh Space robotic telescopes

Il n'est pas trop tard pour participer à cette campagne. Tous les détails se trouvent ici : https://sites.google.com/site/eecep2014campaign/


3 juin 2014

Disparue, la nova


Il fallait s'y attendre, l'objet que j'avais découvert dans M33 en Février a maintenant disparu.
J'ai pu le suivre pendant une quinzaine de jours, et puis le Soleil s'est invité dans cette région du ciel, empêchant un suivi approprié. Maintenant que M33 redevient visible dans les lueurs de l'aube, l'objet n'est plus là.
Dommage qu'il n'y ait pas eu de spectre pour valider la nature de ce transient. 

 
Image du 3 Juin 2014, Crédit Image : E. Conseil & Slooh.comImage du 3 Mars 2014, Crédit Image : E. Conseil & Slooh.com


2 juin 2014

Des lycéens découvrent des étoiles ?

Vendredi dernier, lors de notre soirée astro publique mensuelle, une personne me dit : "Vous avez vu sur TF1, les lycéens qui ont découvert 2 étoiles dans notre galaxie ?"

Alors non, effectivement, rien vu dans ce sens-là et surtout très étonné que des lycéens découvrent des étoiles, la découverte d'étoile n'étant pas à proprement parler une activité.
"Et en plus", me dit cette personne : " les étoiles portent les initiales du lycée".

Tututut... c'est quoi ce truc ? Donner les initiales des découvreurs à de nouvelles étoiles est tout à fait curieux.
Je profite donc d'un moment de solitude dans la soirée pour aller voir sur Internet de quoi il retourne :




Effectivement, la personne qui m'en avait parlé avait parfaitement résumé le reportage de TF1 : 5 lycéens ont découvert 2 étoiles dans la galaxie avec du matériel amateur.

C'est une très belle histoire, et loin de moi l'intention de rabaisser la performance de ces apprentis astronomes, mais il me semble que ce qui est raconté n'est pas tout à fait correct à de nombreux égards.
Quitte à féliciter ces jeunes (et je le répète, ils le méritent), ça serait bien de vraiment dire pourquoi ils devraient être félicités.


On comprend déjà mieux ce qui leur est arrivé en lisant un article de Ouest-France, manifestement mieux renseigné que TF1 : http://jactiv.ouest-france.fr/ils-sactivent/initiatives/ces-lyceens-ont-decouvert-deux-nouvelles-etoiles-31071

Ces jeunes ont fait un stage à l'OHP avec un télescope de 85cmle C8 présenté dans la vidéo (EDIT suite au commentaire de Mr esseiva), et ils ont fait des courbes de lumière d'astéroïdes. Ils n'étaient pas seuls, ils étaient suivis par un astronome professionnel avec lequel j'ai déjà collaboré plusieurs fois : Raoul Behrend de l'observatoire de Genève.
Les 22 & 23 Février, ils ont joué avec les astéroïdes 2001 UU168, (345) Tercidina et (6144) Kondojiro (images issues du site de l'observatoire de Genève, section CdR&CdL tenue par Raoul Behrend) :


Et quand on fait des time-series sur des astéroïdes, il n'est pas rare que dans le champ de vision de la caméra, on trouve également des étoiles variables. Sur plusieurs heures, les plus rapides montrent une variation d'éclat.

Ce que les photométristes font dans ce cas, et que Raoul encourage également, c'est de chercher des étoiles variables dans ces champs. Un logiciel comme Muniwin fait correctement le boulot.
Je l'ai réalisé par moi-même en 2012 sur un suivi d'astéroïde similaire pour Raoul : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=90379

Et quand on trouve une étoile variable, et que celle-ci n'est pas cataloguée (comme variable), Raoul la rajoute dans sa looooongue liste de découvertes (celles de Christophe Demeautis, celles de Laurent Bernasconi, celles de Pierre Antonini, et plein plein d'autres), en donnant à cette étoile les initiales du découvreur.
Ici il y avait 5 découvreurs, trop compliqué pour les initiales, c'est le lycée qui a été choisi.
Les étoiles s'appellent donc LXMP1 et LXMP2.
Ce nom provisoire n'est valable que dans les bases de données de l'observatoire de Genève et n'a rien de particulièrement officiel.

Et comment voit-on que ce sont des étoiles variables qui ont été trouvées ?
Raoul les a annoncées sur son site : http://obswww.unige.ch/~behrend/pageecou.html#v01151
Ce sont deux pulsantes similaires à l'étoile RR Lyrae.

Donc ce qu'ils ont trouvé, ce ne sont pas des étoiles, mais des étoiles variables. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Je dirais même que c'est encore mieux :-)

Et comment sait-on que ces étoiles n'étaient pas inconnues ? Et bien en cherchant sur l'outil Aladin du Centre de Données de Strasbourg (base officielle d'étoiles), on retrouve ces étoiles dans divers catalogues anciens.

Pour résumer :

selon TF1
ce qui s'est vraisemblablement passé
5 lycéens5 lycéens suivis par un astronome
ont découvert 2 nouvelles étoiles dans notre galaxieont découvert 2 étoiles variables, par ailleurs bien connues, mais pas pour leur variabilité
et les astronomes ont nommé les étoiles avec les initiales du lycéeet Raoul a provisoirement nommé ces étoiles avec les initiales du lycée

On peut voir sur le site de Raoul que les lycéens ont recommencé du suivi d'astéroïdes en Mai. Voilà des p'tits gars sur le bon chemin :-)


21 mai 2014

Stage d'astrophotographie scientifique



Les 11 et 12 Octobre prochains, astro4u propose aux astronomes amateurs désireux d'aller un peu plus loin avec leurs photos astro, de tenter d'en tirer des informations scientifiques qui puissent être intéressantes.

Voilà déjà quelques temps que je souhaitais monter une formation sur ce sujet-ci, et en partenariat avec astro4u c'est devenu possible. Je déroulerai cette formation dans les locaux du PLUS (Palais de l'Univers et des Sciences) de Capelle-la-Grande (près de Dunkerque). C'est ouvert à tous, pourvu que vous ayez les bases de l'astrophoto (mise en station, prises de vue, prétraitement).

Le programme est disponible ici : http://www.astro4u.fr/astrophotographie-scientifique/ et devrait également se trouver dans le numéro de Juin d'Astronomie Magazine.

Je souhaite à travers ce stage montrer que faire de la science avec des moyens d'amateurs est extrêmement aisé, ne nécessite pas de gros matériel, pas de calculs compliqués, ne prend pas spécialement beaucoup de temps, et peut être très enrichissant.
Et que le mieux de tout, c'est que ce sont bien souvent les astronomes professionnels qui demandent l'aide des amateurs pour des campagnes au long cours.

En préambule de ce stage, et pour faire un tour rapide de ce que les amateurs peuvent faire avec peu de moyens, il y a l'article que j'ai rédigé dans le n°20 de "La porte des Etoiles" (ICI), le journal du GAAC.
Bonne lecture !





Campagne EE Cephei : Démarrage

C'est parti pour une nouvelle campagne d'observation de la binaire à éclipse EE Cephei. Le système comprend une étoile principale de type Be et un compagnon invisible vraisemblablement entouré d'un disque de poussière qui orbite en à peu près 6 ans.

A chaque éclipse, la durée et la profondeur de l'éclipse varient, ce qui en fait un couple pas banal et chaque nouvelle campagne d'observation est l'occasion d'apporter de nouveaux éléments pour sa caractérisation.

Piotr Wychudzki (Nicolaus Copernicus University, Pologne), coordonne cette campagne et a monté un site web pour le suivi et la synchro des données amateurs : https://sites.google.com/site/eecep2014campaign/

Depuis 2 mois, j'ai commencé à tirer des portraits de EE Cephei et ait déjà emmagasiné 9 nuits dont les mesures sont visibles sur la courbe de l'AAVSO ci-dessous (croix bleues)


On voit sur ce graphe la précédente éclipse, en 2008, avec les 3 couches B, V et R qui perdent environ 0.6 magnitudes. Cette année, on attend un creux de 2 magnitudes ... On verra bien en Juillet.
La campagne est lancée !

9 mai 2014

PSN J13560419-4335099


Presque un an jour pour jour après la découverte de SN 2013dm, j'ai mis le doigt hier sur un objet suspect dans la galaxie PGC 547157 située au coeur de la constellation du Centaure.
Comme à chaque fois, j'ai inspecté les images en provenance des télescopes TAROT et cet objet-ci nous vient encore du Chili.
C'est sur les images de la nuit du Mercredi au Jeudi que j'ai repéré l'objet. Il était pourtant visible 2 jours auparavant mais, je ne sais pourquoi, je l'avais zappé.
Sur les captures de consoles ci-dessous, l'image de la nuit est présente à gauche et l'image de référence est à droite.

Capture d'écran du 06 Mai
Capture d'écran du 08 Mai

Entre les 2 journées, l'objet a pris environ 0.5 magnitude, ce qui est déjà une bonne nouvelle.
L'image de TAROT du 29 Avril est trop dégradée pour savoir si l'objet était déjà présent à cette date. La seule chose sûre est qu'il n'était pas là le 21 Avril.

Bref, avec 2 images plutôt encourageantes, j'ai posté une déclaration sur le site de l'Union Astronomique Internationale : http://www.cbat.eps.harvard.edu/unconf/followups/J13560419-4335099.html

J'en ai profité pour essayer d'impliquer mes connaissances en Nouvelle-Zélande pour obtenir une image d'un autre télescope, mais la nuit était déjà trop avancée chez eux quand je m'y suis mis et ils n'ont vu mon message qu'à leur réveil.

Entre temps, Alain Klotz avait vu mon alerte et depuis l'observatoire des Makes (Ile de la Réunion) il est parvenu à prendre une image avec le télescope de 600mm. C'est un peu chaud de s'y retrouver dans ce paquet d'étoiles :-)

PSN J13560419-4335099 par Alain Klotz (Observatoire des Makes - Ile de la Réunion)

J'avais également commandé une image aux Canaries sur les télescopes de Slooh pour la nuit dernière, et le T350 a rendu son verdict dans la nuit :


La galaxie hôte est difficile à distinguer sur ces clichés. On la voit mieux sur l'image de référence du Digital Sky Survey, en cliquant ici.

Il ne reste plus désormais qu'à obtenir un spectre de l'objet pour vérifier s'il s'agit bien d'une supernova. On n'est jamais complètement à l'abri d'un imposteur.

Et une petite animation pour la route à partir des images prises par TAROT :




J'avais une bouteille qui attendait tranquillement dans mon coffre une occasion de fêter quelque chose avec mon club. Ce sera ce soir ;-)


J'en ai également profité ce matin pour aller faire un tour du côté de ma nova dans M33, perdue dans les lumières du Soleil depuis que celui-ci se balade dans les constellations des Poissons et du Bélier. C'est encore compliqué depuis les Canaries, mon image est toute pourrie à cause de l'aube naissante. Mais d'ici une dizaine de jours je devrais pouvoir constater sa disparition.

9 avril 2014

Un caillou dans le parachute


Vous vous souvenez peut-être qu'il y a quelques jours, une vidéo présentant un parachute frôlé par une météorite avait fait le tour des médias.
La chose semblait crédible à première vue, et les auteurs au delà de tout soupçon de trucage.
Il n'en restait pas moins que l'information "frôlé par une météorite" n'avait absolument rien de scientifiquement valide au moment où c'est sorti dans les journaux. Ciel & Espace titrait même sur ce sujet : http://www.cieletespace.fr/node/11660 car elle était vraisemblable.

Un nombre incalculable de sites et de forums se sont lancés dans l'analyse de la vidéo. 
Très rapidement, une solution bien terrestre à ce problème a fait surface, sans pour autant être relayée dans les médias : Un caillou embarqué dans le parachute enroulé, et qui se libère à l'ouverture du-dît parachute.

Hier les auteurs de la vidéo ont fini par admettre que cette solution était beaucoup plus probable que la chute d'une météorite.

Je les cite :

"Are we disappointed? The ultimate prize would be a meteorite, but frankly, we had been faced with a mystery for nearly two years, we went public, and thanks to an incredible crowdsourcing effort the mystery was solved beyond reasonable doubt in just a few days. That’s amazing."

Et en français dans le texte : 

"Sommes-nous déçus ? Le gros lot aurait été une météorite, mais franchement, nous avons fait face à un mystère pendant presque 2 ans, nous avons rendu notre problème public, et grâce à un incroyable effort commun et mondial le mystère a été résolu sans aucun doute possible. C'est fantastique."

Le texte complet en anglais ici : http://norskmeteornettverk.no/wordpress/?p=1497
ou bien encore chez Phil Plait : http://www.slate.com/blogs/bad_astronomy/2014/04/08/skydiving_meteorite_it_was_a_rock.html




30 mars 2014

WETO 2014

©Observatoire de Paris - Bâtiment Perrault - Gérard Servajean 

Ce dernier week-end de Mars 2014, le club eclipse organisait son 4ème Week-End Technique Occultations  (WETO) à l'observatoire de Paris, en partenariat avec l'IMCCE, l'association Aude, Planètes Sciences et l'observatoire de Paris.
Le fil conducteur de cet atelier était la préparation de la campagne de phénomènes mutuels des satellites de Jupiter qui se déroulera de Septembre 2014 à Juin 2015.

Tous les 6 ans environ, quand c'est l'équinoxe sur Jupiter, le plan de l'orbite de ses satellites est vu par la tranche depuis la Terre. L'occasion d'observer des rapprochements très serrés entre les satellites galiléens, et bien souvent des occultations mutuelles.
L'observation et la datation très précise de ces événements est l'occasion de mettre à jour les données astrométriques de ces satellites de façon très précise. On peut atteindre des précisions de l'ordre de la dizaine de kilomètres, même avec du matériel amateur.
De plus amples descriptions et des schémas sont disponibles sur le site de l'IMCCE ici : http://www.imcce.fr/en/grandpublic/systeme/promenade/pages3/365.html



Nous avons été accueillis dans une salle splendide et étions entourés par les portraits des grands de l'astronomie (Méchain, Lalande, Le Verrier, Arago, Cassini, ...)

Après un rapide tour de salle où chacun se présentait, présentait les instruments à sa disposition et ce qu'il venait chercher ce week-end, nous nous sommes répartis par groupe de travail pour découvrir ou vérifier ce qu'il est possible de faire en terme de datation d'image avec nos équipements.

La précision demandée par l'IMCCE pour cette campagne est de 0.1s ou moins. Et pouvoir prouver à tout instant que l'on est en accord avec l'heure UTC de 0.1s ou moins n'est pas chose aisée car nos équipements astronomiques amateur standard ne sont bien souvent pas faits pour garantir la stabilité temporelle requise. L'heure d'un PC dérive sans cesse, certains logiciels de prise d'images ne font pas un nombre constant d'images par seconde, certaines techniques vidéo dégradent l'image pour pouvoir l'enregistrer ce qui rend la photométrie inopérante, ... Il y a 1001 façons de rater sa prise de vue et il y avait plein de bons conseils à prendre auprès des professionnels de l'IMCCE et des amateurs habitués à ce type de campagne.

Et des amateurs, il y en avait une petite trentaine à l'observatoire de Paris hier, bien décidés à accompagner les professionnels dans cette campagne comme c'est le cas tous les 6 ans depuis quelques décennies.

Pendant la pause du midi, nous avons eu droit à une visite express de l'observatoire de Paris.
Du méridien de Paris jusqu'à la lunette Arago (ci-dessous), notre guide nous a compté quelques histoires fort intéressantes liées au bâtiment et à ses hôtes.



L'après-midi était composé de conférences sur les satellites galiléens, les phénomènes mutuels, la façon dont la campagne va se dérouler et comment nous devrons soumettre nos données.

Vincent Robert (IMCCE) a fait un exposé sur une étude sur les rapprochements des satellites galiléens à laquelle je participe avec lui et 2 autres amateurs. La campagne doit se poursuivre avec de nouvelles données à engranger.

Nous avons eu la chance d'accueillir Felipe Braga, qui venait d'annoncer il y a quelques jours la découverte des anneaux de Chariklo, et qui était venu passer la journée avec nous pour nous refaire sa présentation.

Felipe Braga montrant l'analyse des courbes d'occultation par les anneaux de Chariklo
Un p'tit resto le soir a permis de décompresser un peu après une journée bien remplie, de nouer quelques liens et de donner un bon élan à ce groupe. Les conférences se sont poursuivies sans moi ce Dimanche matin, mais tout ceci devrait bientôt être mis en ligne sur le site du club eclipse.

Merci aux organisateurs pour cette belle rencontre amateurs/professionnels (particulièrement le club eclipse et Thierry Midavaine). Merci à Jean-Eudes Arlot pour l'accueil, la confiance qu'il met dans ce groupe et toutes les informations précieuses données lors de ce WETO. Et Merci à tous les conférenciers pour le temps passé à préparer et à partager.
Il reste 6 mois pour se préparer. Ça ne devrait pas être trop...



3 mars 2014

Actus du moment

SN 2014J

J'arrive à assurer un suivi de la supernova dans M82 à une cadence correcte avec le 350mm de Slooh. Les données d'hier soir n'ont pas encore été soumises, mais j'ai déjà un joli petit bout de courbe de lumière (les croix bleues).
Crédit Image : Light Curve Generator de l'AAVSO

PNV J01330051+3033479

Ma possible nova dans M33 se porte comme un charme. Elle a même un peu augmenté en éclat et semble être plutôt rouge sur les fits d'hier soir. 

Crédit Image : E. Conseil & Slooh.com


Beau temps

On y croit très fort, le beau temps semble arriver vraiment pour le milieu de la semaine et surtout, il devrait durer. L'occasion de faire plein de choses qui sont dans les tiroirs...


27 février 2014

Possible nova dans M33

Ce Mardi 25 Février au soir, comme souvent en début de nuit quand il ne fait pas particulièrement beau chez moi, je passais un peu de temps sur le site de Slooh à regarder les images des autres participants afin d'y déceler une supernova. Comme je suis limité à 5 images personnelles par nuit, mais non limité en visionnage des images des autres, je profite de cette occasion pour jeter un oeil à un maximum de galaxies.
Quand je regarde les images des autres, je n'ai pas accès aux FITS, juste des versions PNG. Pas si grave puisqu'il s'agit surtout de repérer quelque chose, pas de le mesurer.

J'ai ainsi pu me faire une petite banque d'images de quelques galaxies. Alors quand M33 était pointée par le T500 de Slooh ce soir-là, j'ai pu comparer l'image du jour avec une de mes archives. En général, je fais un alignement des deux images sous IRIS, et j'anime le tout pour faire apparaître les différences (technique dite du "blinking"). Ce qui donnait l'animation suivante :


L'examen attentif de l'animation a révélé un astre dans l'un des bras externes de la galaxie. Comme ce sont des images brutes, il y a des cosmiques et des points chauds un peu partout. Pas forcément évident de faire la part entre les artefacts et les vrais astres. Pas trouvé la bête ? Il y aura des indications ci-dessous ;-)

Oui mais voilà : c'est petit, assez faiblard et ça ne justifie pas encore en soit de lancer une alerte.
Obtenir une autre image de M33 ? Pas possible. Le temps que j'analyse celle-ci, M33 avait plongé vers l'horizon et devenait trop compliquée à attraper au télescope.
Restait à trouver quelqu'un sur un autre fuseau horaire pour faire une image de confirmation, ou bien attendre le lendemain, même heure.
La première solution n'ayant rien donné, c'est avec une certaine impatience que j'ai attendu de voir s'afficher les images que j'avais commandées avec le T350 de Slooh. Plus petit en diamètre, mais avec une focale plus grande, il allait me permettre de séparer les étoiles dans ce coin-là et de mieux confirmer ma candidate.
En parallèle du T350 est montée une lunette de 85mm qui prend des images "grand champ" en même temps.
J'ai donc 2 images pour le prix d'une seule :-)

Voici un grand champ pris le 26 Février au soir pour situer la position du champ rapproché qui vient ensuite :

et le champ rapproché :


La possible nova est l'objet qui se trouve à l'intersection des deux lignes rouges.
Comment sait-on que cet objet est nouveau ? Tout simplement en comparant une image du jour avec des images d'archives. Il y en a de très nombreuses sur Internet (Google Images est notre ami), mais il y a aussi des banques d'images "officielles" telles que le DSS (Digital Sky Survey) qui permettent de récupérer une image très détaillée de n'importe quel morceau de ciel.
Voici ci-dessous la comparaison entre l'image du DSS (à gauche) et mon image du 26 au soir (à droite). Des lignes de couleur permettent de repérer quelques étoiles clés dans chaque champ. La possible nova est au bout du trait rouge, mais pas dans le cercle rouge.


A ce stade, j'avais sous la main 1 image du 12 Février de mauvaise qualité qui semblait ne rien montrer, 2 images du 25 Février qui montraient quelque chose qui ressemble à une étoile, et 3 images du 26 Février qui montraient sans aucun doute qu'une étoile était bien présente à l'endroit indiqué. J'avais aussi un paquet d'images en haute résolution de cette galaxie à différentes dates qui ne montraient rien à cet endroit. La candidate est donc tout à fait sérieuse.

Restait alors à poster un TOCP sur le site du CBAT (Central Bureau for Astronomical Telegrams). Cette page permet à tous ceux qui s'y sont inscrits d'alerter la communauté internationale (amateurs et professionnels) de la découverte d'un "objet transitoire". En clair, un objet qui n'était pas visible auparavant et qui l'est maintenant. Ça concerne principalement les supernovae, mais aussi les novae.

Une fois la soumission faite ici, n'importe quel astronome possédant un télescope approprié peut aller à l'endroit indiqué pour prendre une image, une magnitude, un spectre, ... et indiquer ce qu'il a trouvé. Le but est de caractériser l'objet pour s'assurer qu'il s'agit bien d'une nova. Affaire à suivre dès qu'un spectre de l'objet sera obtenu.

Si l'objet avait pris une magnitude en 24h, j'aurais pu annoncer une possible supernova. Mais ça n'est pas le cas, il semble plutôt être sur un plateau de magnitude, comme le ferait une nova à son maximum de luminosité.
Alors nous sommes ici plutôt en présence d'une possible nova extragalactique. L'archive des découvertes de novae extragalactiques en 2013 offre un petit panorama de ce qu'on trouve en fouillant un peu dans les galaxies voisines :

  • 37 novae dans M31
  • 16 novae dans M81
  • 2 novae dans M33

Il est beaucoup plus rare d'en trouver dans d'autres galaxies, leur magnitude ne permettant pas de les chercher ailleurs que dans les galaxies très proches.

Ce 27 Février en soirée, l'objet est toujours présent, à peu près à la même magnitude et il est maintenant présent sur la liste des novae extragalactiques à observer : http://www.rochesterastronomy.org/novae.html#NM331402a



20 février 2014

Quand le web s'emballe : 2000 EM26

Aucun astéroïde là où aurait pu se trouver 2000 EM26
Crédit image : Slooh et le Dubai Astronomy Group


Il y en a eu pour tous les goûts ces derniers jours et les news sur Internet ont été pas mal remplies par le passage d'un astéroïde "potentiellement dangereux" à proximité de la Terre. A grand renforts de titres sensationnalistes, certains medias se sont pris à rêver d'un grand événement : Le passage près de la Terre de l'astéroïde 2000 EM26 !
Mais qu'en attendaient les astronomes ?
En fait ... quasiment rien.


En vrac, 2 exemples francophones, mais la presse anglophone en a également fait ses choux gras :

L'astéroïde 2000 EM26 a "frôlé" notre planète (Maxisciences)
Un énorme astéroïde va passer proche de la Terre Lundi (TVQC)

Sauf que ... sauf que (vous me voyez venir avec mes sabots, taille 72)

A vrai dire, la communauté astro amateur a été plutôt surprise qu'on s'intéresse à ce caillou. Je n'ai pas noté que les pros s'en soit émoustillés de leur côté non plus.
Alors pourquoi parle t-on autant de 2000 EM26 ?

Tout simplement parce que Slooh (le service de télescopes robotisés aux Canaries que j'utilise) a décidé, et c'est une très bonne idée de leur part, de s'engager davantage dans le répérage et le suivi d'astéroïdes potentiellement dangereux. Jusque là, c'est tout bon ! Et comme ils ont les bons contacts, la publicité autour de cet événement à très bien circulé.
Un an après le passage du météore de Tcheliabinsk, quoi que mieux que de sensibiliser les gens à la surveillance du ciel ? Je vous le demande ! Rien de mieux :-)

On parle d'astéroïdes potentiellement dangereux (PHA in English) parce que leur orbite les amène à passer régulièrement près de l'orbite terrestre. A ce jour, aucun n'a prévu de croiser notre orbite le jour où, pas de bol, nous nous trouvons au même endroit. 2000 EM26 fait donc partie de cette catégorie, mais aucun danger n'était prévu pour CE passage.

Ils ont donc jeté leur dévolu sur un grand classique de la recherche d'astéroïdes : L'astéroïde potentiellement dangereux découvert, peu suivi, puis perdu. Là encore, c'est une bonne idée.

Découvrir un astéroïde ne règle pas grand chose sur le plan de sa dangerosité. Il faut l'observer à de nombreuses reprises afin d'affiner le calcul de sa trajectoire. Pour chaque caillou repéré, une trajectoire provisoire est calculée, valable seulement quelques heures, et les astronomes du monde entier sont invités à rechercher le-dît caillou pour prendre une nouvelle mesure et ainsi participer à l'amélioration du calcul de sa trajectoire.
Sur le site du Minor Planet Center, on peut trouver la liste des objets à surveiller ici : http://www.minorplanetcenter.net/iau/NEO/ToConfirm.html

Le problème avec 2000 EM26, c'est ce qu'en dit le Minor Planet Center : "Perturbed ephemeris below is based on 9-day-arc elements from MPEC 2014-D09. Last observed on 2000 Mar. 14."

Traduction française libre : "On n'a que 9 jours d'observations sur cet astéroïde, la dernière fois c'était le 14 Mars 2000, donc l'éphéméride proposé est tout pourri".

Et le Minor Planet Center de conclure : "NEO : Leave for survey recovery."
Ce qui veut dire à peu près : "Laissez tomber, on attend que les satellites qui font de la recherche automatique le retrouvent".

Par conséquent, les chances de retrouver 2000 EM26 à l'endroit indiqué par les éphémérides étaient proches de 0.

Avec seulement 9 jours d'observations en l'an 2000, on n'a pas été foutus de le retrouver quand il est repassé en 2002. Et du coup, le temps s'écoulant, il s'est de plus en plus éloigné de l'éphéméride initial et on l'a loupé aussi en 2003, 2006, 2009, 2011 et 2012.
Puisqu'il ne suivait déjà plus la trajectoire calculée en 2000 depuis environ 13 ans, on se demande bien pourquoi on l'y retrouverait en 2014 ;-)

Et bien bingo, chez Slooh ils n'ont rien vu.
En fait, les télescopes n'ont pas fonctionné à cause de la météo. Ils étaient en duplex avec une équipe ailleurs sur la planète qui palliait leur manque de télescope.
La vidéo de leur soirée est très intéressante et disponible ici : http://events.slooh.com/stadium/potentially-hazardous-asteroid-zips-earth-canary-islands-february-17-2014


Le lendemain dans les médias, ça donnait des choses du genre : "L'astéroïde qui menaçait la Terre a disparu !"
Non ? Sans blague ?
En fait, ça faisait déjà 13 ans qu'il avait disparu ;-)

Pour finir, des astéroïdes plus gros que 2000 EM26 et qui passent plus près de la Terre, il y en a toute une palanquée qu'on a bien à l'oeil. Pourquoi les gars de Slooh ont-ils jeté leur dévolu sur celui-ci ? Comme expliqué plus haut, 2000 EM26 est l'exemple type de la perte bête d'un astéroïde potentiellement dangereux. Quand on en chope un, on devrait pouvoir le suivre mieux que ça pour pouvoir le retrouver facilement lors de son prochain passage.

18 février 2014

Photométrie de SN 2014J


Depuis le temps que je me disais qu'il fallait que je fasse de la photométrie avec le T350 de Slooh...
Mais entre les pannes de l'engin et la météo capricieuse depuis plusieurs mois aux Canaries, ça ne voulait pas venir. Et puis je n'avais pas de belle cible pour évaluer la pertinence de ce choix.
Et puis voilà que depuis début Février, tous les voyants sont au vert aux Canaries. Et la SN 2014J n'est pas saturée (ce que je craignais le plus).
A vue de nez, je ne suis pas déviant par rapport aux mesures des autres astrams de l'AAVSO (croix bleues pour mes mesures) pour les canaux rouge et vert. Pour le bleu, je dévie et je dois encore essayer de comprendre pourquoi.
Je vais quand même pouvoir me lancer dans des choses plus exotiques en toute confiance, et ça c'est une bonne nouvelle !

Pour les étoiles de comparaison, j'utilise les tables de l'AAVSO disponibles sur http://www.aavso.org/vsp, ce qui donne cette petite-carte :






15 février 2014

SN 2014J


Petit tour ces jours-ci du côté de la galaxie Messier 82 avec sa belle supernova. J'ai retrouvé une image prise en 2013, donc sans la SN, et mise en animation avec la SN quelques jours après son éclat maximal.
Le T350 de Slooh est de retour après quasiment 2.5 mois d'indispo pour cause de météo pourrie aux Canaries. Du coup, je vais faire un peu de suivi photométrique sur la SN.
A suivre..

16 janvier 2014

Jupiter et ses lunes

Les belles nuits sont rares depuis début Décembre et j'étais en pleine animation astro4u pour la seule nuit claire de ce mois-là. Une nouvelle collaboration amateur-pro, dont je parlerai un peu plus tard, devait m'amener à faire du suivi sur Jupiter et il a fallu attendre le 09 Janvier pour que je puisse enfin pointer mon télescope vers "la belle".

Dans la nuit du 11 au 12, profitant de quelques belles heures en début de soirée, j'ai shooté Jupiter pendant 6 heures d'affilée, ce qui m'a permis de faire une petite vidéo du ballet des satellites galiléens. 


On voit bien Ganymède et Callisto qui se croisent. Les mouvements relatifs de Io par rapport à Europe sont plus discrets, mais pourtant bien réels. L'humidité croissante au cours de la nuit fait pâlir les satellites, alors que paradoxalement ils étaient de plus en plus hauts dans le ciel. J'ai dû rendre les armes un peu après 1h du matin car les images se dégradaient trop.